samedi 11 février 2017

Aux racines de l’exception tunisienne

CE QUE DOIT LA TUNISIE AU NATIONALISME : son indépendance !
En effet, c'est le nationalisme qui a permis aux tunisiens de devenir une nation à part entière, avec Ahmed Bey puis avec Habib Bourguiba; les deux étant imprégnés de l'esprit du Siécle des Lumières.
Malheureusement pour les tunisiens, les Frères musulmans nahdhaouis sont en train de détruire la nation tunisienne pour mieux dissoudre la Tunisie dans la Oumma telle que la rêvent les pan-islamistes & les pan-arabistes !
Comment ? En ruinant le pays pour le mettre à la merci d'une nouvelle colonisation par les pétromonarques cette fois-ci ; comme l'ont fait avant eux les derniers Beys qui l'ont mis à la merci de la France.

R.B
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Marie Verdier

L’exposition « L'Éveil d'une nation », à Tunis, retrace le mouvement réformiste du XIXe siècle dont la Tunisie actuelle est l’héritière.

Portrait de Ahmad Bey, considéré comme le père fondateur de la Tunisie moderne, par Charles Gleyre.
Portrait Ahmad Bey, considéré comme le père fondateur de la Tunisie moderne, 
par Charles Gleyre. / Fondation Rambourg Tunisie

« La Tunisie a aboli l’esclavage avant la France ! » Preuve parmi d’autres du caractère exceptionnellement éclairé du pouvoir tunisien au XIXe siècle, pour Ridha Moumni, commissaire de l’exposition « L’éveil d’une nation » qui se tient au palais Qsar Es-Saïd à Tunis (1). Plus précisément, la Tunisie a aboli l’esclavage en janvier 1846, deux ans avant la France. Dans sa lancée réformatrice, elle garantit la liberté de culte et l’égalité de tous devant la loi en 1857 et circonscrit le pouvoir absolu des beys dans sa Constitution en 1861.
Ces décisions phares gravées dans l’histoire d’un pays, la Tunisie les doit à Ahmed Bey, souverain sous tutelle ottomane de 1837 à 1855, considéré comme le père fondateur de la Tunisie moderne, et à ses successeurs Mohammed Bey et Sadok Bey. Le portrait d’Ahmed Bey, ainsi que celui de dignitaires et de têtes couronnées présentés dans l’exposition, aux côtés des textes fondateurs et des nouveaux costumes, montrent à quel point le vent de modernité avait soufflé jusque dans le domaine des arts alors libérés de l’emprise de la religion qui considérait la représentation humaine comme un acte d’idolâtrie.

La réhabilitation du palais Qsar Es-Saïd, un « acte civique de restauration »
L’exception tunisienne dans le monde arabo-musulman, vantée depuis le printemps arabe de 2011, prend sa source dans ce XIXe siècle réformiste, mais aussi chaotique et ruineux, qui fait écho à la Tunisie actuelle, à la fois figure de proue de la démocratie dans le monde musulman et État à l’économie violemment chahutée.
Parce qu’il s’est achevé par le protectorat français, ce demi-siècle de Lumières (1837-1881) a laissé un goût amer dans la mémoire collective tunisienne. Signe du désamour, le palais Qsar Es-Saïd (« palais du bonheur ») est resté en déshérence pendant des décennies. C’est dans les murs de ce superbe monument du XVIIe siècle embelli à l’italienne au XIXe siècle que fut signé le traité du Bardo instaurant le protectorat en 1881, point final jetant l’opprobre sur les décennies passées.
Le palais, partiellement restauré et ouvert pour la première fois de son histoire au public grâce à la Fondation Rambourg, vaut à lui seul le détour. Créée par le couple Olfa et Guillaume Rambourg au lendemain de la révolution de janvier 2011, la fondation mène une bataille pour l’éducation et la culture « qui ont tant souffert sous Ben Ali », précise Olfa Rambourg. Elle œuvre donc à la réhabilitation du palais. « C’est un acte civique de restauration, de mise en valeur d’une collection et de démocratisation du savoir », fait valoir le commissaire de l’exposition Ridha Moumni.
« Le réformisme tunisien s’affirme comme un nationalisme »
Au XIXe siècle, la Tunisie n’était pourtant qu’une province vassale de l’empire ottoman. C’est d’ailleurs sur injonction de la Sublime Porte, soucieuse de rattraper le retard du monde islamique par rapport à l’Occident chrétien, que le pays se lance à contrecœur dans les réformes. En gage de sa dépendance vis-à-vis d’Istanbul, il crée une armée et une école polytechnique. La Tunisie qui a des visées d’autonomie va finir par prendre goût aux réformes et redoubler d’ardeur dans leur mise en œuvre.
« Le réformisme tunisien s’affirme comme un nationalisme », souligne la juriste Sana Ben Achour. Le dirigeant Ahmed Bey ira même demander le soutien du roi Louis-Philippe et de la reine Victoria pour s’affranchir de la tutelle d’Istanbul en 1846. « Mais il est revenu bredouille de son voyage. Tunis a dû alors réaffirmer sa "turquité" vis-à-vis de l’empire ottoman, tout en revendiquant son autochtonie », explique l’historienne Leïla Blili, conseillère pour l’exposition.
Mais le peuple miséreux, resté sur le bas-côté de la modernité portée par l’élite et accablé par les nouveaux impôts visant à financer les réformes, se révolte. La répression de ce « printemps des Bédouins » en 1864 par les soldats des beys est d’une violence inouïe. 

Le pays, exsangue, ne se relève pas. Il est placé sous une tutelle financière internationale puis tombe dans l’escarcelle coloniale. Leïla Blili rappelle les propos crus du prince de Bismarck à l’ambassadeur de France à Berlin Charles Raymond de Saint-Vallier en 1879 : « Je crois que la poire tunisienne est mûre et qu’il est temps pour vous de la cueillir. »


Dates clés
1814. Les savants de la mosquée Zitouna de Tunis s’opposent à l’implantation en Tunisie
du wahhabisme, né en Arabie au XVIIIe siècle.
1816. Abolition de la course (le piratage en mer) et de la vente des chrétiens, qui supprime une bonne partie des revenus de la régence de Tunis.
1841. Suppression du marché aux esclaves.
1846. Abolition de l’esclavage.
1857. Tollé international après l’exécution d’un juif pour blasphème. Le Pacte fondamental instaure l’égalité de tous devant la loi et la liberté de culte.
1861. La Constitution sépare les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire.
1864. L’insurrection de la population est sauvagement réprimée. La Constitution est suspendue.
1869. La Tunisie ruinée est mise sous tutelle d’une commission financière internationale.
1881. Le traité du Bardo instaure le protectorat.


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