samedi 23 janvier 2016

Paris - Riyad : Les liaisons dangereuses

Un pays trop endetté, finit par perdre sa souveraineté ! C'est ce qui est en train d'arriver à la France que les pétromonarques, "grand amis" de ses responsables politiques, semblent avoir achetée ... mais aussi à la Tunisie que les Frères musulmans ont gravement endettée pour la rendre colonisable par le Qatar !
R.B
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La France est devenue, sous la présidence de François Hollande, la "meilleure amie" de l’Arabie saoudite, au risque de devoir assumer les aspects les moins glorieux du pouvoir wahhabite.
Le dessinateur suisse Patrick Chappatte a représenté dans le "New York Times" un couple regardant à la télévision les informations sur les tensions entre l’Iran et l’Arabie saoudite. La femme interroge son mari : "Sommes-nous pro-chiites ou pro-sunnites ?" Ce questionnement est ironique s’agissant de simples citoyens ; il est plus sérieux, plus problématique pour un gouvernement au moment où les deux puissances rivales du Moyen-Orient ont rompu leurs ­relations diplomatiques et agitent des menaces de guerre.
C’est la question qui se pose en ­particulier à la France, devenue, sous la présidence de François Hollande, la "meilleure amie" de Riyad, au risque de devoir assumer les aspects les moins glorieux, voire ouvertement provocateurs, du pouvoir wahhabite.

Cet embarras s’est manifesté lors de l’exécution par décapitation, le 2 janvier, de 47 Saoudiens accusés de "terrorisme", parmi lesquels le chef religieux chiite, le cheikh Nimr Bakr al-Nimr, exécution qui a provoqué la mise à sac de l’ambassade saoudienne à Téhéran et la rupture des relations entre les deux Etats. Paris a mis 24 heures pour publier un communiquéindigent – et antidaté de la veille –, alors que Washington, pourtant l’allié historique de Riyad, a plus vigoureusement pris ses distances.

Il ne s’agit pas que de "morale" – devenue un gros mot dans les relations internationales – face à des décapitations qui ne sont guère différentes de celles commises par le groupe Etat islamique ; il s’agit aussi de realpolitik. L’Arabie saoudite porte sa part de respon­sabilité dans la montée du fondamentalisme, y compris sa dernière incarnation la plus extrême, Daech, avec sa propagation du conservatisme wah­habite ; et elle se sent menacée par le retour de l’Iran comme puissance régionale avec la bénédiction américaine.

Un mariage "contre nature"

Or la France, profitant d’un effacement relatif des Etats-Unis, a noué une relation politique très forte avec Riyad, devenu un important client de son industrie d’armement, directement, pour les forces saoudiennes, ou par le biais de la "diplomatie du chéquier", en réglant des achats d’armes françaises par le Liban ou l’Egypte (les Rafale et les fameux Mistral refusés à la Russie). Cette manne a un coût : l’alignement.

Les diplomates iraniens, qui se souviennent des obstacles français dans la négociation sur le nucléaire qui a finalement abouti l’an dernier, parlent sans détour d’"alliance économico-militaire" franco-­saoudienne ; ce qui ne les empêche pas de courtiser la France – on le verra sans doute lors de la visite à Paris du président Rohani fin janvier. Ils ajoutent, comme un conseil d’"ami" : "La France doit veiller à ne pas être complice" d’un aventurisme saoudien que les Iraniens ne sont pas les seuls à dénoncer.

Alors, comme elle s’est enfermée dans une posture vouée à l’échec en Syrie, sur laquelle elle a commencé à revenir après le 13 novembre, la diplomatie française s’est-elle aventurée dans un "mariage" contre nature au royaume des Saoud ? Un ancien diplomate proche du Parti socialiste reconnaît qu’un pays endetté comme la France perd vite sa souveraineté dans ses relations avec des pays clés pour son économie et estime que Paris aurait une autre politique si son budget était excédentaire…

L’objectif pour la France, dans cette phase dangereuse pour un Moyen-Orient déjà chauffé à blanc, doit être de ne pas se laisser entraîner là où elle ne voudrait pas aller. Cela passe par la capacité de dire non à l’Arabie saoudite.

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